6 oct. 2009

No Country For Old Men






Le 26 Septembre, Roman Polanski a était arrêté à sa descente d’avion par la police Suisse. La presse du monde entier en a parlé, de nombreux artistes et hommes politiques s’en sont offusqué, mais surtout, des milliers de citoyens – notamment américains et français – ont découvert cette part d’ombre du célèbre réalisateur. Tel ne fut pas mon cas.


Je me souviens avoir entendu parler de Roman Polanski durant mes cours d’Anglais renforcé (puisque j’avais pris option Anglais en 1ère ES) lorsqu’on étudiait les Etats-Unis des années ’60 à ’70. Nous avions notamment décortiqué des paroles de chansons telles que « Hotel California » des Eagles ou encore « Imagine » de John Lennon. En étudiant les paroles de « Hotel California » nous avons appris, entre autres, que la fin des années ’60 correspondait à la fin des espoirs Peace & Love de l’Amérique hippie puisque la Californie, où le mouvement était le plus fort, subissait une vague sans précédent de violences et de terreur due en grande partie à la secte de Charles Manson. Le meurtre de l’actrice Sharon Tate, épouse de R. Polanski et enceinte de 8 mois, en marquera tragiquement la fin. Nous apprîmes que R. Polanski avait fui les Etats-Unis dans les années ’70, non pas parce qu’il était dévasté par le meurtre de son épouse et qu’il ne supportait plus le pays mais parce qu’il avait violé une jeune fille et avait peur d’aller en prison. Cette nouvelle nous désolidarisa automatiquement de sa tragédie personnelle.


L’arrestation de R. Polanski ce 26 Septembre me parut à la fois normal et anormal. Normal, car après tout, aussi bon soit-il dans son métier, il reste un criminel fugitif depuis 1978, dans la liste « rouge » d’Interpol pendant plusieurs années et sous mandat d’arrêt international depuis 2005. Anormal, car je ne comprenais pas qu’on l’arrêta en Suisse, à ce moment précis. Çà avait tout du guet-apens. Je compris petit à petit que la Suisse était encore entrain de se faire marcher dessus à cause de ses scandales bancaires et de son refus de lever le secret bancaire. Après Khadafi, c’était les Etats-Unis qui venait s’essuyaient les pieds. La Suisse ne voulant pas augmenter ses problèmes a donc accepté de faire le sale boulot et arrêta Polanski qui venait se faire décerner un prix pour sa carrière.


Les faits en eux-mêmes sont déroutants. En 1977, Samantha Gailey (Geimer maintenant), âgée de 13 ans est poussée par sa mère à devenir actrice ou modèle. Lorsque Roman Polanski propose une séance photo privée dans la villa de Jack Nicholson pour l’édition française du magazine Vogue, la mère accepte. Deux fois. Deux fois alors que Samantha dit que R. Polanski lui a demandé de se déshabiller devant lui et qu’elle était mal à l’aise et ne voulait plus y retourner. La deuxième fois, il lui donne du Champagne et des sédatifs qu’elle boit. Voulant probablement faire sa Lolita (à 13 ans, on est pas très malin), elle lui aurait dit – selon l’autobiographie « Roman » - avoir eu ses premières relations sexuelles à l’âge de 8 ans, aimait certains alcools mais pas d’autre et qu’elle avait déjà pris de la drogue (relations sexuelles, prises de drogue et alcool antérieures à sa rencontre avec R. Polanski comme elle le confirme dans sa déposition). Nul ne sait ce qui s’est passé dans la tête de l’homme alors âgé de 44 ans pour alors pratiquer un cunnilingus et faire pratiquer une fellation, la pénétrer et la sodomiser pendant que la jeune fille lui disait qu’elle ne voulait pas. Oui c’est cru mais c’est ce qui s’est passé si on condense les déclarations de S. Gailey et de R. Polanski. Tout ceci se passe alors que la mère n’a pas jugé utile d’accompagner sa fille. Elle porte plainte par la suite. R. Polanski se retrouve inculpé de « viol avec usage de drogue, perversion, sodomie et acte obscène sur un enfant de moins de 14 ans ». Ses charges sont abandonnées lorsqu’il accepte de plaider coupable pour « relation sexuelle illégale avec un(e) mineur ». La cour l’oblige à aller 90 jours dans une prison d’Etat pour une évaluation psychologique. Il n’en fera que 42 et avait le droit de sortir de la prison pour ses besoins professionnels. La cour ordonne ensuite qu’il aille en prison alors que R. Polanski espérait une probation. Ne voulant pas y aller, en Février 1978, il s’enfuit quelques jours avant son procès en France via la Grande Bretagne où il ne reste pas car il risque de se faire extrader aux Etats-Unis.


Pendant les 30 années suivantes, R. Polanski se remarie (avec Emmanuelle Seigner), a deux enfants et gagne des prix (Palme d’Or, César, Golden globes, etc.) pour ses œuvres. Il propose à la mère de Samantha une somme de $500,000 afin de laisser tomber la plainte. Elle aurait accepté mais il manquerait encore une part importante de cet argent non versée par Polanski. En 2003, S. Geimer, mariée et mère de 3 enfants, pardonne à R. Polanski et veut passer à autre chose. On peut la comprendre. En 2008, un documentaire « Roman Polanski : Wanted and Desired » met le feu aux poudres. Il y aurait eu des erreurs lors de la procédure du dossier et le juge de l’époque aurait tout fait pour faire condamner Roman Polanski à des fins purement politiques – selon le procureur David Wells. Sur la base de ces faits, en Janvier 2009, les avocats de Polanski essaient donc de faire annuler la procédure. Le juge demande à Polanski de venir à Los Angeles afin de prendre sa décision mais celui-ci refuse. Le juge rejette donc sa requête. En Février, S. Geimer lance une procédure afin d’annuler sa plainte car cette histoire continue à la traumatiser elle et ses proches notamment à cause de l’attitude envahissante du procureur en charge de cette affaire. Cependant, Polanski a déjà était accusé et a plaidé coupable en 1978.


Bilan pour le moment. Roman Polanski est toujours écroué dans une prison suisse. David Wells a avoué avoir menti pour bien se faire voir lors du documentaire « Roman Polanski : Wanted and Desired ». S. Geimer souhaite que Polanski soit libre. Une partie du monde aussi, l’autre souhaiterait que justice soit faite. De mon côté, je souhaiterai qu’il y ait un équilibre des responsabilités. Roman Polanski a commit un viol sur une mineur. Cette mineur a était laissé seule par sa mère dans les mains d’un homme à deux reprises. Entre la mère vulgairement ambitieuse de voir ses rêves réalisés par sa fille au risque de la mettre en danger et le célèbre réalisateur de films drogué et perturbé, je souhaiterai l’équilibre des responsabilités. Selon moi, ils sont tous les deux coupables.

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